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dimanche 15 mai 2016

Pour en finir avec le "corps de plage" #BeachBodyReady

Un post rapide (pour de vrai) sur le blog histoire de vous annoncer avec une joie infinie qu'un loooong article tapé de mes dodus petits doigts, pour démonter le concept de "corps de plage" en 10 conseils body positive, vient de paraître dans le tout dernier Plump Magazine !


Je ne vais pas spoiler complètement le contenu de celui-ci en ces lieux, car non seulement ce serait contre-productif mais en plus, cela vous priverait de feuilleter cette chouette édition body posi avec, entre autres, Lily Hook qui a pris en photo Marine aka @MetauxLourds et Fanny alias @ThisIsKiyemis... Ce serait vraiment dommage.


Mais je voulais quand même le temps de faire un laïus pour redire à quel point il est important d'en finir avec le mythe du "corps parfait" (mince, blanc, valide, cisgenre, jeune toussa toussa), qui empoisonne nos existences pour mieux servir des industries qui se nourrissent de notre mal-être: la mode et les cosmétiques (je parle bien de l'industrie et non du rapport perso et fun qu'on peut avoir avec les fringues et le make-up, évidemment !).

Et pour ce faire, il faut commencer par réfuter tout le bullshit "pré-maillot de bain" qu'on nous sert chaque printemps (et encore, on commence déjà à en parler après les fêtes de fin d'année, vu qu'on eu l'outrecuidance de se faire plaisir à table !) car c'est l'incarnation la plus pure de cette course à la "beauté" pour correspondre au modèle unique de désirabilité, 100% hétéro-normée et sexiste de surcroît, qui nous fait nous sentir pas assez mince, pas assez tonique... et "dégueulasse", tout simplement.

Oui oui, on dit à des enfants de 8 ans de choisir un maillot pour leur morphologie, le bourrage de crâne d'injonctions au corps commence très tôt... Le désapprendre prend du temps mais c'est essentiel ! Qu'est-ce qu'on attend pour brûler ces magazines féminins mainstreaù toxiques ?!
Pour avoir un "corps de plage", il faut juste enfiler un maillot et aller à la plage. Ou à la piscine, whatever, là où vous avez envie d'aller. Le reste : du pipi de chat. Certes, il y a le poids de tous ces complexes dont on nous a gavé.e.s depuis l'enfance, et la crainte du regard de celleux qui croient au mirage "castings excluants & photoshop"...


Mais la vie est trop courte pour se priver d'un bain de soleil (avec protection solaire à réappliquer toutes les deux heures hein, 'tention, les UV c'est le mal^^), d'eau salée, chlorée ou douce ! Ou de mettre un short, un crop top, une jupe. Il est réellement difficile de surmonter ces craintes, ces normes si profondément ancrées en nous, mais c'est aussi nécessaire que possible... et le jeu en vaut la chandelle.

La Youtubeuse américaine body positive/fat positive et féministe Meghan Tonjes a un message pour toi : la vie est trop courte pour l'inconfort. Fais péter c'que t'aimes porter !
Cette année, au lieu de vous lancer dans un énième "défi minceur/tonicité" ou que sais-je, pour perfectionner ce corps que la société rejette, acceptez de donner une chance à votre enveloppe corporelle telle qu'elle est. Là. Maintenant. Tout de suite.

J'espère sincèrement que mes quelques conseils d'introduction pas à pas à la body positivity, pages 28-31 de Plump Mag, pourront vous aider dans cette voie. Je vous souhaite un doux, bienveillant et joyeux été 2016... et de même pour toutes les saisons qui suivront, aussi 



Je sais que "c'est plus facile à dire qu'à faire", j'ai donné, pendant des années, avant de passer de la théorie à la pratique de la body acceptance. Mais voilà déjà deux ans que j'ai vaincu le complexe du "corps de plage" et ça m'a aidée à avancer quelle que soit ma tenue et la météo. Je fais désormais prendre l'air à mes bourrelets, mon bas de maillot serré et haut qui baille, ma cellulite, mes boutons, mes cicatrices d'auto-mutilation sans arrière pensée, et ça leur fait du bien.

Du coup, cette année, j'ai aussi décidé de faire profiter de cette liberté à mes aisselles  poilues, fraîchement teintes en violet, en guise de défi body posi (oui, l'auto-coup de pied au cul c'est ma philosophie pour avancer, ce qui m'a sortie de l'anorexie, même si cette "méthode" n'est pas pour tou.te.s..) Car tout comme mes tatouages m'ont aidée à me réapproprier mon corps, jouer avec les couleurs sur ces derniers comme je fais avec mes cheveux m'aide à les dompter, les aimer, en être fière.

N'hésitez pas vous aussi à vous amuser avec vous-même, c'est le premier pas vers un processus de paix avec votre reflet dans le miroir et d'une grande aide pour occire ses vieux démons cracheurs de body shaming ;)



Je vous souhaite une bonne lecture de Plump, et je vous embrasse !

PS : je peux pas m'empêcher de vous remettre ce lien, pour voir tout plein de merveilleux "corps de plage" qu'on ne vous montrera jamais dans les magazines ;)

jeudi 25 février 2016

Au régime TOUT LE TEMPS : le trouble du comportement alimentaire "acceptable"

"Oh mon dieu j'ai avalé plus de 300 calories aujourd'hui, c'est pas sexy !" #TRISTESSE
Mon titre vous choque ? Parce que c'est "normal" de "faire attention" tous les jours ? De se priver en permanence ? De se démener à la salle de sport tous les midis et tous les soirs ? D'être "au régime" tout le fucking temps ? S'il vous choque toujours, parce que j'ose le comparer à un trouble du comportement alimentaire, qui désigne habituellement des pathologies bien plus précises, bien plus connues comme l'anorexie, la boulimie, l'orthorexie et que vous ne voyez pas là de connexion... Alors c'est bien la preuve qu'on a un sérieux problème. Parce que non, être constamment "au régime" n'est pas non plus un rapport sain à la nourriture, ni avec son corps. 


Coucou le patriarcat, le capitalisme, la société d'image, vous êtes encore là ! Mais on va pas vous laisser passer non plus.

Et puisque c'est la semaine de sensibilisation aux troubles du comportement alimentaires, "TCA", #EatingDisordersAwarenessWeek ... en tant que personne ayant vécu les trois troubles énoncés ci-dessous par le passé, et étant désormais militante body positive, j'avais vraiment très envie d'en parler.

J'imagine qu'on a tou.te.s dans notre entourage des personnes qui, à chaque repas, chaque sortie, tous les jours, ne manquent pas de rappeler pour justifier une privation qu'iels "font attention". Et s'il arrive, très rarement, que ces personnes là ne "craquent" (boudiou que je déteste cette expression, mais c'est comme ça que c'est ressenti... autre symptôme de ce mal, justement !), elles s'auto-flagelleront immédiatement en jurant de faire double ration de sport dès que possible "pour éliminer".


"Je dis non au MANGER !", chuis quelqu'un de bien TAVU. (Oui, ce post est sponsorisé par P!nk, aka l'amour de ma vie)
Parfois même, on est, ou on a été, cette personne. Je sais de quoi je parle. Donc j'en profite pour faire une parenthèse et préciser que je ne me "moque" pas du tout de ces personnes (oui, malgré le gif d'illustration tout en haut de l'article ;) ), qui me font plus mal au cœur qu'autre chose tant je connais la souffrance inavouée et inavouable car "normalisée", qui se cache là-dessous. Et parce que les raisons qui les, nous, poussent là-dedans, sont si incommensurablement toxiques... et dans le fond, juste tristement ridicules.

"Allez, encore une bonne gastro et j'aurai atteint mon poids idéal". J'en connais qui prononcent ce genre de phrases avec le plus grand des sérieux.
Ça me semble si évident, le fait que ces comportements, d'ordre quasi compulsifs, sont le fruit de notre société d'image qui valorise la-maigreur-à-tout-prix-mais-pas-trop-quand-même-non-plus-parce-qu'après-c'est-moche-faut-pas-déconner. Mais j'ai eu le droit à des réactions très virulentes, presque "territoriales", quand j'ai essayé d'avoir ces conversations avec des gen.te.s concerné.e.s. 

"Oh mais ça vaaaa, laisse-moi me nourrir que de repas liquides hyper protéinés, c'est SAIIIIN, j'te dis". On me dit que j'exagère quand je suggère que c'est un peu extrême, quand même.
Un peu comme s'iels se raccrochaient à cette obsession pour valider le bien fondé de leur existence. Si tu te fais souffrir pour être belle/beau, c'est déjà un pas de plus vers la sacro-sainte "beauté" stéréotypée en question. Par exemple, il n'y a qu'à voir la différence de traitement réservée à un.e gros.se au régime, "un.e bon.ne gros.se, parce qu'iel essaye de plus l'être, tu comprends, quel courage !" et un.e gros.se qui dit merde à tout ce bullshit et qui, donc, clairement, "se laisse aller, se conforte dans sa paresse (et autres clichés sur les gros.ses)" et demeure une source de dégoût.

Et bien que je parle là de régime et de "fitness", cette problématique est loin de ne concerner que les personnes considérées comme non-maigres, en surpoids, ou "au-delà". Le nombre de personnes minces qui ne s'autorisent "aucun écart", par peur de prendre un gramme et se mettent au sport "pour être plus toniques" parce que les magazines féminins et les médias ont quand même réussi à leur filer des complexes... me dépasse. Mais pas tant que ça. Parce que je suis suffisamment lucide sur le fait qu'on, surtout "nous les fâââmes", on ne sera JAMAIS.ASSEZ.BIEN. Quoi qu'on fasse, on sera toujours "trop ceci", ou "pas assez cela". (et que du coup, perso, j'ai décidé d'envoyer bouler tout ça et vivre ma vie heureuse, comme je l'entends #BodyPositive)

Et on nous le fait bien comprendre, dès la plus tendre enfance.
Donc, où que l'on se situe sur l'échelle de "la bonnassitude" (excusez-moi, je pars vomir et je reviens), vis-à-vis du "male gaze", bien entendu... il y aura toujours cette nécessité absolue de montrer patte blanche en prouvant, constamment, qu'on essaie de "faire mieux" pour rentrer dans le moule. Pour prouver "sa valeur". Puisque c'est connu, elle est déterminée par notre tour de taille et notre qualité de peau hein, ou du moins l'énergie qu'on dépense pour "améliorer son score", tout le monde sait ça.

Donc le fait "d'être tout le temps au régime" est doublement toxique, à la fois TCA et sexisme intériorisé. Et le pire, c'est qu'il est totalement inconscient, tant il a été internalisé comme stratégie de survie dans ce monde où l'on nous met en situation d'évaluation, de compétition permanente via les injonctions au corps et à la consommation. Ce qui fait qu'il est difficile de "s'y attaquer" sans se prendre une shitstorm dans la face. Surtout à l'ère du hashtag #healthy à toutes les sauces (enfin, celle sans sucre ou matière grasse quoi), jusqu'à l'overdose !...

Le 100% "healthy", 100% du temps.. C'est aussi BORING que... contre-productif, en termes de bien-être.
Breaking news : ce sont les comportements qui sont "healthy" ou non. Pas la bouffe. Pas le sport (un super article pour les anglophones à ce sujet ici). Et quitte à parler de "santé" (coucou les concern trolls, j'ai aussi pensé à vous), il serait temps de penser un peu à sa tranquillité d'esprit, à toutes ces choses qu'on pourrait faire en plus ou différemment, si on n'était pas constamment obsédé.e par son poids, son apparence, sa "conformité" aux standards.

"Ne passez pas à côté de 95¨% de votre vie juste pour peser 5% de moins" merci Flo @smiling.unicorn pour l'inspiration ❤
Je vous dis pas que c'est simple. Parce qu'entre cette prise de conscience et la déconstruction de toutes ces injonctions dont on nous gave depuis le berceau, le chemin est long. Et je re-précise que mon texte n'est nullement une "incrimination" des personnes dont je décris le comportement, mais une dénonciation du système qui les mis dans cet état, dont elles ignorent souvent le caractère maladif.

Non.

Ce que je vous dis, c'est que considérer l'option "je peux m'aimer comme ça, sans me torturer à longueur de journée" (oui, c'est une forme de torture) fait bel et bien partie des choix que vous pouvez faire, et qu'elle vous promet vraiment VRAIMENT une vie plus sympa. Et franchement moins chiante. Et, pour le coup, j'assume, avec tout l'amour du monde, la pincée de "condescendance" contenue cette dernière phrase ;)

Sus au patriarcat qui réduit nos rêves, aspirations et ambitions à notre seule apparence ! On vaut tellement mieux que ça... (sponso par P!nk, j'vous ai d'jà dit)

BISOUS !
Prenez soin de vous ❤❤❤


PS : Le régime, c'est DE LA MERDE.


Et tellement, TELLEMENT de temps !

PPS :
je ne vais MÊME PAS me fatiguer à préciser que "faire attention" ou "faire du sport" de temps en temps, par plaisir, pour se faire du bien, sans pression, n'est pas malsain en soi. Mais sachant très bien qu'on risque de me taxer de "lobbyiste de l'obésité" (je vois pas le rapport non plus hein, mais ce genre de remarques est 100% réelle sur le net dès qu'on aborde le body shaming) je tenais quand même à noter que je trouverais bien fumeux, et pas très fute-fute, un tel détournement de mes propos sur le sujet ;)



Déso, pas déso.

lundi 23 juin 2014

La Minute Ronde #1 : pas assez "plus size" pour... du "plus size" ?



Ma silhouette rondouillette est un thème que j'avais fini par aborder, à contrecœur, sur mon ancien blog (ici et ). Je dis "à contrecœur" non pas parce que je suis complexée (sur deux trois détails comme tout le monde mais pas du tout pour le fait de l'être, ronde) mais parce que je n'avais pas envie d'être mise dans une case, cataloguée. Parce que depuis toujours je me bats contre tous, et moi-même pour ne pas être juste "la fille ronde qui..". (Dois-je préciser que cette première image est purement ironique ??!)

Aujourd'hui, avec mon nouveau blog, grâce à son éclectisme annoncé sous forme de nombreuses rubriques, récurrentes ou non, je vais avoir moins de mal à aborder ce sujet qui malgré tout, fait partie de mon quotidien et bien sûr, de mes préoccupations. Même si je préférerais que ce ne soit qu'un détail sans importance qui ne vaille pas la peine d'être expliqué, débattu... mais bon, on ne va pas mettre la charrue avant les bœufs.

J'inaugure donc ma rubrique "La Minute Ronde" par un mini coup de gueule sur les marques spécialisées "plus size". Déjà en novembre, encore sur l'ancien blog, je hurlais ma déception et mon désespoir quant à la ligne Violeta de Mango "pour les rondes" qui commençait au 42 (rappelons quand même que c'est la taille moyenne en France chez les femmes, hum hum). Passons sous silence la tristesse des fringues de cette gamme, mais déjà à l'époque je vivais mal le fait qu'il y ait besoin d'une collection dédiée. Histoire de mettre encore plus à l'écart les femmes un peu (ou beaucoup) moins minces que l'idéal vendu par la société. "Pourquoi pas des collections pour tous ?", me demandais-je à ce moment là... Je n'étais pas au bout de mes peines, ni de mes surprises.
 

Je viens de découvrir encore un défaut à ce concept, que je trouvais déjà bien moisi à la base (bien que ce soit cool que "les rondes" aient plus de choix pour s'habiller bien sûr je ne dis pas le contraire, le fond est top, la forme beaucoup moins dans la réalisation de cette ambition des marques) : parfois, on peut être trop ronde pour une marque "classique" (qui s'arrête au 42 ou 44) mais... pas assez ronde pour une marque plus size !




 
Ce qui est bien dommage venant d'une marque de maillots de bain qui s'appelle "Swimsuits For All", et que je pensais y avoir trouvé mon Saint Graal pour cet été (oui je parle de cet ensemble galaxy là ♥).. ça me rappelle il y a plus d'un an, quand constant la prise de plus de 25kg en deux ans, j'avais regardé juste pour voir si j'étais "éligible" à une chirurgie prise en charge par la sécu^^ (#humour !)



 
Juste au moment où je me disais que c'était chouette, que les choses changeait vraiment pour "les rondes", qu'elles étaient plus considérées, moins stigmatisées... Je me rends compte, non sans grande peine, que c'est un peu du vent, quand même, cette stratégie de com'(merce !).

Cette volonté des marques soit de se dissocier des "grosses" en créant des gammes ou sous marques pour faire des sous sans être associées à l'images de "ces clientes là", ou bien au contraire de jouer sur la tableau franchement pas plus brillant (passer d'un extrême à l'autre, bien ouèj) du "nan mais les rondes c'est beau alors que les squelettes c'est dégueulasse"... me débecte sévère. On ne vous demande pas de prendre position, bordel, juste de faire des sapes que tout le monde puisse porter !

Ce que je veux dire, c'est que ce n'est pas en renforçant la barrière mince/grosse (ne parlons même pas de la déformation de notre vision des choses en la matière, c'est un autre gros sujet) que l'on fera vraiment avancer les choses, je pense. Même si encore une fois, c'est chouette que les marques commencent à y penser, et que l'on ait plus de choses stylées et surtout bien coupées à se mettre sur le dos. Mais... à quand des fringues pour toutes les tailles, vraiment toutes, sans distinctions ? (#utopie)



Ronde-ment et bisounours-ement vôtre,
 
 
Olga


PS : Puisqu'on cause maillots de bain... Le seul vrai conseil qui vaille est le suivant :



jeudi 31 janvier 2013

un détail de taille







Bon, avant toute chose (et y'en aura beaucoup ce soir, des choses), je tiens à m'auto-congratuler chaleureusement, car en un an et demi d'existence de ce blog, j'ai réussi à éviter de tout ramener à mon physique "plus size"-esque. J'ai bien fait une allusion ou deux, me plaignant de certaines marques qui taillent un peu trop petit ou répondant à mon troll, mais sinon, je n'ai jamais vraiment ouvert les vannes de ma réelle expérience personnelle avec toute question de poids/taille. Je n'avais pas spécialement envie d'introduire cet aspect là de ma vie pas toujours très drôle dans ce lieu qui ne reflète que les belles choses de mon quotidien. Et surtout, j'avais envie que mon blog soit le seul endroit où je sois juste quelqu'un qui aime la mode, et non d'être immédiatement cataloguée comme "ronde qui aime la mode", car je suis juste normale, tout comme l'est une fille très mince, ou très grosse, ou que sais-je encore ?! Nous sommes tous des personnes, pas une taille ou l'incarnation d'une catégorie. Mais l'idée m'a tout de même traversé l'esprit plusieurs fois. Notamment en rentrant de Russie dernièrement, j'ai eu très envie de pondre un billet à chaud, encore blessée des remarques de la famille durant les fêtes, mais étant lue par celle-ci, je me suis abstenue. Si certains, certaines, me trouvent une prose relativement agréable à lire, sachez qu'en fait ma plume excelle en fait particulièrement plus dans l'acidité, la colère et la rage plutôt que dans la légèreté que je vous fais entrevoir ici tous les jours... Et comme je sais que les mots sont les armes les plus puissantes qu'il soit, je choisis soigneusement ceux que j'écris, ainsi que leurs destinataires. Gardant toujours beaucoup pour moi. Cette retenue, je la cultive depuis l'enfance. Tout comme mon "problème" ceci dit. Mais lorsque j'ai entendu il y a deux jours les propos "grossophobes" totalement irresponsables de Delphine Apiou, rédactrice en chef de Biba, sur Chérie 25 (la vidéo de l'interview a été enlevée de Youtube depuis, quel courage, mais vous pouvez suivre tout ça sur le blog de Big Beauty... les excuses foireuses de la principale intéressées sont assez croustillantes d'hypocrisie, et pas tellement mieux formulées que les propos d'origine d'ailleurs)... ça a été la goutte d'eau. Ce n'est pas la première bavure du genre que l'on a pu entendre ces dernières années, n'est-ce pas Karl ! Mais bon, disons que je pars de celle-ci. Chacun pense ce qu'il veut, soyons clairs ; on peut-même parfois dire ces choses-là, même si elles sont blessantes ou politiquement incorrectes, dans une sphère privée. Mais lorsque l'on a un pouvoir, une aura, et surtout, un public qui respecte ce que vous dites et prend votre discours au pied de la lettre... il faut aussi se souvenir que l'on a des responsabilités !

Parce que oui, dire à des milliers d'auditeurs, d'auditrices, qu'être "grosse" (pourrait-on d'ailleurs préciser la définition, hein ?!) est forcément "le mauvais choix", une maladie, un mal-être, une difficulté, un handicap, quelque chose dont on doit se sortir. Que "les grosses sont difficiles à habiller", qu'elles ne rêvent que de maigrir... tenir ce discours, c'est justement persuader tout le monde que ces quelques "kilos en trop" (encore une fois, vive les référentiels, poids idéal mon oeil, IMC un peu mieux... mais n'oublions pas que la morphologie n'est pas un modèle mathématique, et heureusement !) ou même pas, sont à éliminer de toute urgence sinon : on sera malade, on sera malheureux et on sera mal habillé. Dit comme ça, c'est presque drôle. Sauf que non (même si ça reste ridicule). Les personnes déjà complexées par notre charmante société de papier glacé représentée par des mannequins anorexiques de 15 ans, vont se conforter dans leur mal-être (qui existe justement à cause de ces préjugés rappelons le) et une peur chez des personnes qui n'y pensaient peut-être pas jusque là se créera ! C'est comme ça que tout ce cercle vicieux s'entretient. Remarque, c'est un engrenage plutôt lucratif pour la vente des numéros spéciaux régimes pas vrai ?! Quelle fin stratège la rubrique minceur/bien-être, bravo !

Comment je sais tout ça ? C'est bien simple. Je l'ai vécu, et je le vis. C'est cette peur du gramme en trop, cette nécessité de rentrer dans une norme "pour être heureux", cette course à la "perfection" (haha) qui m'a fait passer de simplement dans la tranche haute d'un IMC normal à l'obésité depuis le début de mon adolescence. A force de remarques (de la famille bien plus que du monde extérieur je précise tout de même) blessantes, de régimes, de yoyo, et de bien d'autres remarques (toujours celles de la famille, malgré de grosses frayeurs à certains moments quant à ma survie, oui oui...) depuis. Voyez plutôt : voici un tableau fait rapidement l'autre jour, de 2001 année de mon premier régime en 6e jusqu'à aujourd'hui. Certes j'ai du prendre une dizaine de cm d'un bout à l'autre du graphique, mais c'est pour vous donner une idée globale de la chose. Ouaip, de sacrés montagnes russes quand même tout ça ! Et elles me donnent fort la nausée, rien qu'à leur vue.





Aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours été un peu plus épaisse que les autres enfants de mon âge. Et on a toujours essayé de me limiter au niveau des desserts et goûters. J'étais différente. J'étais "la grosse". Bref, je disais donc premier régime pas encore adolescente. Je suis enchantée de tous ces compliments qui d'un coup, pleuvent sur ma personne : 10 kgs en deux mois de vacances scolaires c'est sûr, ça change ! "Nan mais vraiment, c'est mieux comme ça hein, parce que bon... c'est pas pour ton physique hein, c'est pour ta santé", qu'ils disaient. Mais arrivent les hormones et yallah on reprend tout l'année suivante, et bien plus encore. Je me stabilise au haut de la tranche d'IMC "normal". Mais on me reproche toujours d'être rondouillette, trop gourmande, pas gracieuse. Rebelotte à 15 ans donc ! J'étais bien, mais j'avais envie d'être "mieux". De contenter mes proches... Je perds donc une vingtaine de kilos en un an. Plus je perds, plus j'ai envie de perdre, plus j'ai peur de reprendre. Mais dans la glace, je ne vois qu'une grosse. Alors je me fais vomir après chaque repas, ou j'évite toujours le gras et le sucre. Je fais quatre à cinq heures de sport par jour, en combinaison de sudation (mais comment je l'ai eu ce foutu bac mention bien dans tout ça ?!). Je compte les grammes, les calories, la moindre activité physique... Je passe des heures à contempler mon ventre vide rentré en dedans le matin. J'ai une planque sous mon lit, de toutes les confiseries que j'ai si courageusement refusées : surtout les escargots de Lanvin à Noël, parfois je l'ouvre pour regarder, et me dire que c'est bien, je résiste "au diable". Je gâche un road trip Colorado/Utah en m'obligeant à garder les mollets collés aux cuisses, serrés par une ceinture, pour maintenir mes muscles contractés tant que je suis assise en voiture pour compenser mon inactivité, et à ne rien avaler. Je ne pense plus qu'à ça. Mes cotes sont saillantes, mon dos plus large que mes fesses. Mes cheveux tombent par poignées, je m'évanouis régulièrement, je n'ai plus mes règles. Mais ce n'est pas suffisant, je veux toujours plus. Enfin moins. Je déteste mon corps. J'en porte encore les cicatrices aujourd'hui. Je déteste le regard des hommes dans la rue, qui ne me considéraient pas comme un morceau de viande fraîche avec les kilos que j'avais avant, cette mentalité me dégoute. Heureusement, j'ai été "démasquée" avant un stade réellement critique. J'ai été suivie. Par une psychologue spécialisée, et par ma mère qui s'est beaucoup investie pour moi. Ma peur de l'hospitalisation a aussi du jouer. Bref, j'ai eu beaucoup de chance. Maudite anorexie !

Ce qui devait arriver arriva, j'ai repris. Vite, beaucoup, beaucoup. J'ai perdu tous mes repaires, mais malgré tout j'ai la sensation de me sentir mieux dans ma peau. J'essaie de me stabiliser. Et pendant un temps, ça marche. Je suis en très léger surpoids, mais je suis heureuse (oui oui c'est possible^^) car je vis, pour de vrai. Mais les remarques de la famille reviennent. Je suis "boulotte", j'ai "des jambeonnaux", "je me mets en danger". Je me remets aux régimes : Montignac, dissocié, hyperprotéiné, hypocalorique, chrono-nutrition, Weight Watchers... Mais je ne supporte plus la privation. Je m'y tiens un mois ou deux, je perds du poids, tout en résistant à mes vieux démons dont la petite voix m'incite toujours aujourd'hui après certains repas à aller me purger... et puis je craque, et reprends le double. Le triple.

Et puis dernièrement, j'en ai juste eu marre. J'ai tout simplement cessé de faire attention, me disant que ça ne servait à rien, et pensant me venger de ces années de privation. "Puisque je suis grosse, autant juste bouffer qu'est-ce que ça peut faire ?!". Et j'ai repris encore plus... Et puis pour voir, je suis montée sur la balance en revenant des USA. J'ai eu peur. J'ai dépassé la barre des 90. Et j'ai vu cette courbe se dessiner devant mes yeux... cette réaction en chaîne. Aurait-elle été ainsi si je n'avais jamais tenté de rentrer dans le moule, si on m'avait laissée vivre un peu différente ? A l'heure qu'il est je serais peut-être stable avec un IMC de 25, un peu "ronde" mais tranquille... Bref, tout ce temps perdu, tout ce gâchis m'a sauté au visage ! Le mieux est l'ennemi du bien.

Ce qui me frustre le plus à cet instant précis, c'est de voir qu'en regardant les photos de l'année dernière, à 75kgs (léger surpoids), lorsque j'ai voulu reprendre les régimes, le premier mot qui me vient à l'esprit est "parfaite" (je ne l'ai jamais pensé avant, même au fin fond de mon malheur d'anorexique... est-ce vraiment nécessaire d'aller d'un extrême à l'autre pour se rendre compte que c'était très bien avant ?!) ! Mais pourquoi diable ais-je voulu changer cela ?! Pour faire plaisir aux autres, mais moi dans tout ça ? N'ais-je rien appris de mes mésaventures passées ?!!! Bref, aujourd'hui, je veux juste revenir à mon petit surpoids d'antan qui m'allait très bien, avant de prendre l'autoroute vers l'accumulation de kilos (régimes à répétition) et de rendre une situation bénigne grave. Aujourd'hui, mon IMC dit "légère obésité". Et c'est arrivé par sottise. Je sais maintenant que je devrai faire attention toute ma vie : m'écouter moi, et faire attention, maintenant que je suis montée si haut, je peux y revenir très vite si je cesse d'être vigilante. Je dois y aller doucement pour prendre le moins de risques possibles, j'ai déjà reperdu 5 kilos en 3 mois, sans me priver. Mais j'ai peur que ça ne soit pas assez pour rentrer dans ma combinaison de plongée ou mon jean de moto au printemps, et j'ai peur de tomber à nouveau dans le restrictif, et le peu de bien que cela m'apporte... Je ne dis pas qu'avoir un gros surpoids, ou être obèse est "mal", ou "pas beau". Aucune de ces conneries. Au contraire, j'aime les femmes en chair, j'aime ne plus être le sac d'os de mes 16 ans. J'en veux beaucoup à ceux qui m'ont dit que je me mentais lorsque je disais être bien il y a un an... car maintenant, en effet, je ne le suis pas (à MON point de vue à présent, oui). Merci ! Et puis je ne veux surtout pas rentrer dans les détails "médicaux" car cela ne concerne que... les personnes concernées et non leur entourage. J'aimerais bien "utopiquement" que la société élargisse un peu son esprit, et son cœur à ce sujet... Mais ce qui dans mon cas me désole c'est que j'ai été poussée, peu à peu, à devenir un cliché. A devenir la "grosse" (pas que je ne m'aime pas, même si forcément, je constate une grosse différence depuis un an et que de ne plus rentrer dans certaines fringues, c'est vraiment chiant !) que la rue voyait en moi, alors que je ne l'ai jamais été (et quand bien même, qu'est-ce que ça pourrait vous foutre hein les gens ?!). Pour rien. Du vent. Et grâce à des paroles "bien pensantes" et des visions biaisées comme celles de Mme Apiou. Foutez-nous la paix, cessez de parler en notre nom alors que vous ne savez rien, et arrêtez de créer vous même les problèmes que vous "dénoncez" !


Ces discours voulus moralisateurs sont dangereux, gardez vos distances. Le "mieux" est vraiment l'ennemi du bien, vraiment...







PS : Désolée, vraiment tombée dans le pathos, parfois même dans la vulgarité ce soir, mais il fallait que ça sorte ! Pas non plus de traduction en anglais, même si j'aurais adoré mettre des "fucking" partout, car me replonger dans tout ça m'a vraiment épuisée...


PPS : Edit : J'y ai repensé dans la journée... En plus, elle est carrément mauvaise commerciale la mère Apiou pour nous vendre sa daube ! Elle les imagine comment ses lectrices exactement, format mannequin ??! Ouh pinaise ce que je suis encore énervée de tout ça !...