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jeudi 25 février 2016

Au régime TOUT LE TEMPS : le trouble du comportement alimentaire "acceptable"

"Oh mon dieu j'ai avalé plus de 300 calories aujourd'hui, c'est pas sexy !" #TRISTESSE
Mon titre vous choque ? Parce que c'est "normal" de "faire attention" tous les jours ? De se priver en permanence ? De se démener à la salle de sport tous les midis et tous les soirs ? D'être "au régime" tout le fucking temps ? S'il vous choque toujours, parce que j'ose le comparer à un trouble du comportement alimentaire, qui désigne habituellement des pathologies bien plus précises, bien plus connues comme l'anorexie, la boulimie, l'orthorexie et que vous ne voyez pas là de connexion... Alors c'est bien la preuve qu'on a un sérieux problème. Parce que non, être constamment "au régime" n'est pas non plus un rapport sain à la nourriture, ni avec son corps. 


Coucou le patriarcat, le capitalisme, la société d'image, vous êtes encore là ! Mais on va pas vous laisser passer non plus.

Et puisque c'est la semaine de sensibilisation aux troubles du comportement alimentaires, "TCA", #EatingDisordersAwarenessWeek ... en tant que personne ayant vécu les trois troubles énoncés ci-dessous par le passé, et étant désormais militante body positive, j'avais vraiment très envie d'en parler.

J'imagine qu'on a tou.te.s dans notre entourage des personnes qui, à chaque repas, chaque sortie, tous les jours, ne manquent pas de rappeler pour justifier une privation qu'iels "font attention". Et s'il arrive, très rarement, que ces personnes là ne "craquent" (boudiou que je déteste cette expression, mais c'est comme ça que c'est ressenti... autre symptôme de ce mal, justement !), elles s'auto-flagelleront immédiatement en jurant de faire double ration de sport dès que possible "pour éliminer".


"Je dis non au MANGER !", chuis quelqu'un de bien TAVU. (Oui, ce post est sponsorisé par P!nk, aka l'amour de ma vie)
Parfois même, on est, ou on a été, cette personne. Je sais de quoi je parle. Donc j'en profite pour faire une parenthèse et préciser que je ne me "moque" pas du tout de ces personnes (oui, malgré le gif d'illustration tout en haut de l'article ;) ), qui me font plus mal au cœur qu'autre chose tant je connais la souffrance inavouée et inavouable car "normalisée", qui se cache là-dessous. Et parce que les raisons qui les, nous, poussent là-dedans, sont si incommensurablement toxiques... et dans le fond, juste tristement ridicules.

"Allez, encore une bonne gastro et j'aurai atteint mon poids idéal". J'en connais qui prononcent ce genre de phrases avec le plus grand des sérieux.
Ça me semble si évident, le fait que ces comportements, d'ordre quasi compulsifs, sont le fruit de notre société d'image qui valorise la-maigreur-à-tout-prix-mais-pas-trop-quand-même-non-plus-parce-qu'après-c'est-moche-faut-pas-déconner. Mais j'ai eu le droit à des réactions très virulentes, presque "territoriales", quand j'ai essayé d'avoir ces conversations avec des gen.te.s concerné.e.s. 

"Oh mais ça vaaaa, laisse-moi me nourrir que de repas liquides hyper protéinés, c'est SAIIIIN, j'te dis". On me dit que j'exagère quand je suggère que c'est un peu extrême, quand même.
Un peu comme s'iels se raccrochaient à cette obsession pour valider le bien fondé de leur existence. Si tu te fais souffrir pour être belle/beau, c'est déjà un pas de plus vers la sacro-sainte "beauté" stéréotypée en question. Par exemple, il n'y a qu'à voir la différence de traitement réservée à un.e gros.se au régime, "un.e bon.ne gros.se, parce qu'iel essaye de plus l'être, tu comprends, quel courage !" et un.e gros.se qui dit merde à tout ce bullshit et qui, donc, clairement, "se laisse aller, se conforte dans sa paresse (et autres clichés sur les gros.ses)" et demeure une source de dégoût.

Et bien que je parle là de régime et de "fitness", cette problématique est loin de ne concerner que les personnes considérées comme non-maigres, en surpoids, ou "au-delà". Le nombre de personnes minces qui ne s'autorisent "aucun écart", par peur de prendre un gramme et se mettent au sport "pour être plus toniques" parce que les magazines féminins et les médias ont quand même réussi à leur filer des complexes... me dépasse. Mais pas tant que ça. Parce que je suis suffisamment lucide sur le fait qu'on, surtout "nous les fâââmes", on ne sera JAMAIS.ASSEZ.BIEN. Quoi qu'on fasse, on sera toujours "trop ceci", ou "pas assez cela". (et que du coup, perso, j'ai décidé d'envoyer bouler tout ça et vivre ma vie heureuse, comme je l'entends #BodyPositive)

Et on nous le fait bien comprendre, dès la plus tendre enfance.
Donc, où que l'on se situe sur l'échelle de "la bonnassitude" (excusez-moi, je pars vomir et je reviens), vis-à-vis du "male gaze", bien entendu... il y aura toujours cette nécessité absolue de montrer patte blanche en prouvant, constamment, qu'on essaie de "faire mieux" pour rentrer dans le moule. Pour prouver "sa valeur". Puisque c'est connu, elle est déterminée par notre tour de taille et notre qualité de peau hein, ou du moins l'énergie qu'on dépense pour "améliorer son score", tout le monde sait ça.

Donc le fait "d'être tout le temps au régime" est doublement toxique, à la fois TCA et sexisme intériorisé. Et le pire, c'est qu'il est totalement inconscient, tant il a été internalisé comme stratégie de survie dans ce monde où l'on nous met en situation d'évaluation, de compétition permanente via les injonctions au corps et à la consommation. Ce qui fait qu'il est difficile de "s'y attaquer" sans se prendre une shitstorm dans la face. Surtout à l'ère du hashtag #healthy à toutes les sauces (enfin, celle sans sucre ou matière grasse quoi), jusqu'à l'overdose !...

Le 100% "healthy", 100% du temps.. C'est aussi BORING que... contre-productif, en termes de bien-être.
Breaking news : ce sont les comportements qui sont "healthy" ou non. Pas la bouffe. Pas le sport (un super article pour les anglophones à ce sujet ici). Et quitte à parler de "santé" (coucou les concern trolls, j'ai aussi pensé à vous), il serait temps de penser un peu à sa tranquillité d'esprit, à toutes ces choses qu'on pourrait faire en plus ou différemment, si on n'était pas constamment obsédé.e par son poids, son apparence, sa "conformité" aux standards.

"Ne passez pas à côté de 95¨% de votre vie juste pour peser 5% de moins" merci Flo @smiling.unicorn pour l'inspiration ❤
Je vous dis pas que c'est simple. Parce qu'entre cette prise de conscience et la déconstruction de toutes ces injonctions dont on nous gave depuis le berceau, le chemin est long. Et je re-précise que mon texte n'est nullement une "incrimination" des personnes dont je décris le comportement, mais une dénonciation du système qui les mis dans cet état, dont elles ignorent souvent le caractère maladif.

Non.

Ce que je vous dis, c'est que considérer l'option "je peux m'aimer comme ça, sans me torturer à longueur de journée" (oui, c'est une forme de torture) fait bel et bien partie des choix que vous pouvez faire, et qu'elle vous promet vraiment VRAIMENT une vie plus sympa. Et franchement moins chiante. Et, pour le coup, j'assume, avec tout l'amour du monde, la pincée de "condescendance" contenue cette dernière phrase ;)

Sus au patriarcat qui réduit nos rêves, aspirations et ambitions à notre seule apparence ! On vaut tellement mieux que ça... (sponso par P!nk, j'vous ai d'jà dit)

BISOUS !
Prenez soin de vous ❤❤❤


PS : Le régime, c'est DE LA MERDE.


Et tellement, TELLEMENT de temps !

PPS :
je ne vais MÊME PAS me fatiguer à préciser que "faire attention" ou "faire du sport" de temps en temps, par plaisir, pour se faire du bien, sans pression, n'est pas malsain en soi. Mais sachant très bien qu'on risque de me taxer de "lobbyiste de l'obésité" (je vois pas le rapport non plus hein, mais ce genre de remarques est 100% réelle sur le net dès qu'on aborde le body shaming) je tenais quand même à noter que je trouverais bien fumeux, et pas très fute-fute, un tel détournement de mes propos sur le sujet ;)



Déso, pas déso.

lundi 18 janvier 2016

"Casser les standards de beauté" : le gros FAIL de la dernière pub Balsamik

Je viens de voir que la nouvelle pub du site de vêtement Balsamik, avec un choix de taille bien plus large que la moyenne et, fait un buzz très positif sur le net. Notamment grâce à Ma-Grande-Taille.com (partenariat, sans doute). Je l'ai regardée. Et... pour quelque chose qu'on me présente comme "se moquant des standards de beauté". Il ne me vient guère d'autre réaction que : mouais (et encore, chuis borderline méga-vénère, en vrai).

Merci Michelle Visage, parfaitement résumé.

"L'intention" (marketing) n'est pas mauvaise en soi : parler de "diversité", de différence. Des tailles de vêtements, sous-vêtements et chaussures plus grandes, plus petites, parce qu'il n'y a pas qu'un seul modèle de femme. Sur le principe : OUI. Bien sûr, c'est évident. Sauf qu'honnêtement, la diversité des corps dont ils se targuent de par leur torses bombés pour affirmer que "la femme standard n'existe pas" (ah bon ??) en croyant réinventer l'eau tiède... Ben, à l'écran, est elle est bieeeen timorée, tout de même. À peine effleurée. 



RuPaul's Drag Race a les meilleurs gifs de réaction de la terre, vous allez en bouffer. Déso pas déso.

Où sont les femmes vraiment grosses, où sont les femmes plus âgées, où sont les femmes plus "visiblement" racisées, où sont les femmes en situation de handicap ? Et, pour couronner le tout, où sont les femmes non hétéro (je n'ose même pas évoquer l'idée de non cisgenre vu comme c'est présenté...) ? Parce que tout ce spot publicitaire met l'accent sur le regard qu'à L'Homme porte sur LaFâme. (Et même le regard très insistant de ce dernier, celui qui flirte dangereusement avec le harcèlement de rue : le serveur qui renverse ses verres en regardant le cul d'une meuf, l'installateur de vitrine qui renverse ses mannequins car trop préoccupé par le passage d'un groupe de femmes ou encore l'importun qui vient apporter un petit mot à une femme assise à la table d'un restaurant etc...  qui en plus, gloussent, parce que bien sûr, on aime ça, on vit pour ça ! C'est pas "violent" ou très direct, mais c'est là. Et c'est gerbatif) 

Si les yeux du Mâââle ne sont pas le mètre étalon de la beauté féminine.. alors rien d'autre ne peut la définir. C'est ce message dont on nous bombarde sans cesse, et qui, à titre perso, me fait particulièrement mal et me aussi fait vraiment chauffer les oreilles quand on prétend parler du concept de beauté multiple.

Et ça, mes chéri.e.s, ça s'appelle le male gaze (regard masculin). C'est sexiste, objectivant, et pas valorisant ni "libérateur" pour un sou.

Ce serait bien que les publicitaires, pis la société en générale, pige ça un jour. Les femmes ne vivent pas pour le regard des mecs, même si c'est ce qu'on nous apprend depuis le berceau.

Donc voilà, les publicitaires ont à peine diversifié le "catalogue" habituel des représentations de l'apparence des femmes et en plus ils se sont sentis obligés de valider ça en saupoudrant cette farce d'un soupçon de "nan mais eh, t'as vu, y'a des mecs à qui elles décrochent la mâchoire hein, si elles sont baisables, c'est qu'elle sont belles". Cimer, j'ai un sale arrière-goût dans les yeux.

Je cherche encore l'empowerment et la body positivity qu'on m'a annoncés, l'air de rien, avec un titre aussi accrocheur... Au final surtout mensonger, et toxique. Et je me demande aussi où est la sphère militante body positive, pourquoi ça ne gueule pas (encore) ? Il est où le bad buzz que ce machin mérite ??!

Quitte à faire de la pub à des marques pour leur bonne stratégie de com' en prétendant briser les codes, pour vendre, je préfère largement ce qu'a pu faire H&M (les images parlent d'elles-même sans que je ne me lance dans une énumération, quasiment "tout" y est)


Ou encore American Apparel (oui oui, American Apparel. Certes trèèèès controversé mais quand même globalement badass, et vous seriez surpris.es de voir le nombre de L ou XL dans lequel rentre tout mon 46 avec même encore un peu de marge) ;) qui s'est tout de même débrouillé pour faire un spot qui shake un sacré paquet de booties pas très couverts, sans avoir pour autant le seul but de captiver l'attention du mec blanc cisgenre hétérosexuel de base. Et croyez-le ou non, c'est déjà un très gros progrès.



And that's, how it's done.

Dire, "montrer", qu'on (qui "on" ? la marque ? les cismecs qui ont planché sur ce spot ?) "aime toutes les femmes" de manière aussi étriquée, en affirmant promouvoir la différence de surcroît, ça revient à nier l'existence de la majorité d'entre elles. Ouaip, les représentations collectives des personnes, de leur apparence, ont une importance phénoménale pour leur construction sociale, leur bien être. Donc réfléchissez avant de pondre des trucs aussi merdiques.

La prochaine fois que vous voudrez "casser les codes", chères marques, faites-le pour de vrai. Sortez-vous les doigts, cassez la baraque. Parce que ce pétard mouillé (ou "pet dans l'eau", y'en a qui disent ça, allez comprendre) ne trompe pas grand monde.