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dimanche 14 février 2016

Ma Sans-Valentin ? AU POIL #GlitterPits

Cette semaine, je n'ai pas pu m'empêcher d'eyeroller jusqu'à m'en faire mal au crâne tant les injonctions à la féminité-beauté-consommation hétéro-normées (et pleines de body shaming sous-jacent) au possible en vue de la Saint-Valentin m'ont piqué les yeux dans mes diverses timelines.

Ma réaction d’écœurement, à peu de choses près, devant le bullshit de tous ces posts-articles-pubs spéciaux Saint-Valentin 

 Ne mange rien pour rentrer dans ton nouvel ensemble de lingerie "pour lui" à 150 boules, fais-toi épiler au laser, mets de l'auto-bronzant, maquille-toi, va chez le coiffeur, ne mange pas trop au restaurant où il va t'emmener, apprends à lui faire une bonne pipe ou considère un plan à trois même si t'as pas envie pour le garder parce que faut pas finir vielle fille...

L'injonction à te mettre en couple et l'invisibilisation éhontée des amoureux.ses non-hétéro qui va avec, l'injonction de te ravaler la façade, de dépenser plein de fric pour ta tenue et tes cadeaux, l'injonction à te comporter en "dame-mais-sexy-quand-même"... et j'en passe. NAUSÉE.

Certes, on y a le droit toute l'année, mais c'est vrai que dans le gloubi-boulga capitaliste rose et rouge de mi-février sous prétexte "d'amour", ça a le don de m'enrager encore plus.

J'en avais même fait un post Facebook : https://www.facebook.com/TheUtoptimist/posts/797524807019767

De l'art de passer de la poule à l'ânesse... ou pas


Et puisque j'aime bien mélanger les sujets avant de pondre un petit article ici-même, le croisement avec la tendance féministe-body-posi-licornesque des "glitter pits" (aisselles _poilues_ pailletées) qui "fait le buzz" depuis décembre me paraissait appropriée.

Pourquoi ? Parce que je me suis récemment rendue compte que ma "justification" quant à mon ""laisser-aller"" (ma flemme, mon non envie de me faire mal) au niveau de ma pilosté était toujours "bah j'm'en fous j'ai personne dans ma vie" (je parle même pas de la violence de cette phrase alors que j'ai une si magnifique tribu de merveilleux.ses ami.e.s !!). Et que lorsque je décide de me raser les jambes ou les aisselles, ce n'est pas parce que mes poils me dérangent personnellement, mais c'est "pour faire bien, en société".

Je suis bien triste d'être encore soumise à cette angoisse sociale, encore si forte, même dans le milieu féministe et body posi. Combien de fois ais-je entendu des copines ou connaissances, militantes féministes, se justifier d'un "nan mais chuis pas une féminazie poilue non plus hein !". Faudrait déjà m'expliquer le rapport de cause à effet dans cette juxstaposition de mots et concepts. Puis, aussi, pourquoi les non-poilues devraient taper sur les glabres et vice-versa, en particulier dans un milieu supposé déconstruit.



Si on dépassait la simplicité des affirmations "l'injonction à tout ratiboiser vient du porno" et "les poils, c'est dégueulasse" ? Parce que dans les peintures de nu du je-ne-sais-plus-quel-siècle (je ne cherche pas à étaler ma culture, bien plus maigrichonne que mon royal fessier, et je ne retrouve plus l'article que j'avais lu à ce sujet^^) cachaient déjà les poils pour leur "animalité sexuelle". Et parce que oui, s'ils sont là naturellement, je ne vois pas en quoi ils seraient crades. Et quoi qu'il en soit, le choix appartient à tout.e un.e chacun.e d'en faire ce qu'iel en veut, sans en faire une victime ni un.e rebelle sans cause.

Où sont les poils, poils, poils, poils, poils, poiiiiils ?

Seulement, je constate une fois de plus que nos ami.e.s américain.e.s et anglo-saxon.e.s ont encore bien des longueurs d'avance sur nous quant au vocabulaire et aux représentations progressistes. Je trouve le féminisme et le militantisme body positive "à la française" bien trop sages. Voire, souvent, fades, à quelques rares exceptions près, en comparaison avec ce que mes héro.ïne.s anglophones publient tous les jours sur FB, Twitter, Instagram ou encore Tumblr.

Parce que oui, "nous les filles", on fait caca. On sent pas le N°5 de Chacha naturellement. On ne nait quasiment jamais imberbes. Où sont les "défauts" ? À quoi servent les réseaux sociaux si ce n'est pas pour briser les illusions de perfections vendues sur papier glacé des magazines et dans la pub ? Hein ?

Où sont les bourrelets non lissés, les célibataires qui en sont fières, le-persil-qui-dépasse-du-cabas ?

La badassitude manque ici-bas, et quand on connaît l'importance des représentations pour se construire, et qu'on se rend compte à quel point suivre des personnes qui postent des choses "hors normes" adoucit notre vision de nous-même et du monde, nous désintoxiquant de l'excès de photoshop ambiant... je me suis dit qu'il fallait que je mette la main à la pâte au pot de paillettes #braceyourselves




 
(ni filtre, hormis noir&blanc, ni retouches ;) )



Mes cheveux-pas-naturels, mes bourrelets, mes poils, mon double-menton, mon célibat, mes piercings, mes tatouages, mes boutons, mes paillettes, mes vergetures, mes petits-seins-pour-une-grosse et ma kitschitude vous saluent. Chuis ma propre Valentine aujourd'hui, et tous les autres jours de l'année. Et j'ai jamais été aussi heureuse.

Je sais pas si j'aurai "le courage" de garder tout ça jusqu'à ma prochaine "rencontre", ou jusqu'à l'été. Ou pas. Mais en attendant tout ça est bien là. Ces étranges petits cheveux frisottés font partie de moi (et je reparlerai de ce sujet, comptez sur moi !). Et puisque je m'aime, sans ou avec, je les aime. Du moins, j'y travaille. Tous les jours. Parce qu'il n'y a pas d'autre secret pour survivre, dans notre société d'image patriarcale, quand tu fais pas partie des lucky few a naturellement rentrer dans la norme restrictive en dehors de laquelle "nul bonheur n'est possible". LAULE.

Et pour les sceptiques, du moins celleux que je n'ai pas semé.e.s en chemin (j'avais prévenu, je vais parler de trucs "pas glam", déso pas déso), qui trouveraient qu'il y a trop de paillettes, pas assez de poils, un gros plan, sur l'autre aisselle, moins chargée en glitter !


Pour finir, bonne fête à toutes les Valentines, tous les Valentins. Parce que c'est quand même de ça qu'il s'agit, chaque 14 février. Des bisous à tou.te.s les amoureux.ses de la terre, et une JOYEUSE SANS-VALENTIN en plus à tou.te.s cellex qui n'en n'ont pas ♥ ❤ ♥ ❤ ♥ 

Sur ce, je m'en vais passer l'aspirateur dans les moindres recoins de mon studio, et prendre la douche du siècle. Bien l'bonsoir !

Breakons free des complexes, avec Freddie 

dimanche 24 janvier 2016

Cette photo qui me mettait mal à l'aise (cul nu et #freethenipple inside)

Voilà plus de trois mois que j'ai fait une série de photo de nu, et que je ne l'ai pas partagée, bien que je l'adore. Tout ça, à cause d'une photo en particulier : celle-ci, juste en dessous.

Je l'ai tout d'abord trouvée belle, puis, j'ai vu, en bas à gauche, les bourrelets. 

C'est la première fois que je me voyais ainsi en image, puisque j'ai l'habitude des photos "flatteuses", où je pose "façon pinup" ou "statue de l'Antiquité" (lol #lamodestie). C'est à dire debout, et avec un accent particulier sur ma chute de reins, plutôt prononcée. 

Passé le choc de me découvrir sous cet angle, je l'ai trouvée moins jolie, j'ai même pensé à la supprimer. C'est là que ça a fait tilt (ouf !).

Non, je ne suis pas "moins belle" dessus.

Je suis réelle, telle que mon corps me dessine est dans certaines positions ou certains mouvements. Aussi réelle que dans des poses plus convenues. C'est bien la même enveloppe corporelle que celle que je trouve agréable à regarder sous d'autres coutures. Et si je suis si body positive que ça, je devrais pouvoir dépasser ce point de détail...


Ça m'a pris plusieurs mois, mais j'y suis arrivée (je ne dis pas que je n'ai pas l'impression que mon cœur va bondir hors de ma poitrine au moment où je finalise la publication de l'article). Et je me suis rendue compte qu'en fait, ça allait encore bien plus loin que mon rapport à mon corps tel que je n'ai pas l'habitude de le voir représenté.

J'ai beau être militante féministe et bodi posi jusqu'à la moelle, faire des photos mi-rigolotes mi-provoc sur Instagram de temps en temps et être pleinement convaincue que la poitrine féminine est bieeeeeeen trop sexualisée dans notre société et que c'est totalement infondé, puisque ces messieurs ne subissent pas l’opprobre lorsqu'ils dévoilent un téton... J'ai beau suivre le mouvement #FreeTheNipple depuis le début et avoir déjà posté quelques clichés avec ce hashtag (mais clairement, jamais aussi directs, ni sur un support de type "blog")... Ça reste un grand pas, une grande première. Un obstacle à franchir. 

Un roc, un cap, que dis-je un cap, une péninsule. Toussa.

Donc bien que, vis-à-vis de moi-même, je n'ai pas (plus) le moindre complexe avec ces photos, je ne peux pas faire taire complètement les petites voix qui me susurrent le doute à l'oreille. Le milieu professionnel, la famille, les trolls fat shamers... ou l'incommensurable fatigue de déjà m'imaginer répéter à tire-larigot que "Non, un nu n'est pas forcément 'sexuel'" (D'ailleurs, je ne vois pas ce qui poserait vraiment problème si ça l'était, sexuel, mais c'est un autre débat) pour avoir à me défendre sur un sujet qui n'a jamais été une "offense".

Je n'ai rien à me reprocher. RIEN. Ni ma grosseur, ni mes tatouages, ni mon maquillage prononcé, ni mes cheveux chimiques, ni ma nudité, ni même mon envie de rendre tout ça public. Car ce choix m'appartient, aussi bien que mon corps et mes convictions. 

Chuis droite dans mes bottes, dans mes convictions féministes, excentriques et body positive. Et je trouve que c'est quand même dingue de se sentir autant en posture "de justification" malgré tout, alors qu'en fait, tu fais absolument rien de mal ! Et c'est précisément pour ça que je veux poster cette série aujourd'hui. Pour emmerder le patriarcat, pour emmerder les pudibonds, pour emmerder les injonctions au corps et pour emmerder les restes de chaînes qui me retiennent encore un peu, parfois.

Donc voilà, FUCK THIS SHIT. On verra dans 10 ans si c'était une connerie, en attendant je suis libre, et je choisis d'exprimer cette liberté comme je l'entends. Et ce soir, c'est en me mettant à nu pour faire passer un message important : on a tou.te.s le droit d'être représenté.e.s, tou.te.s le droit de se montrer, avec notre vision de la beauté et du monde, tou.te.s le droit d'exister en paix, hors de la toxicité des stéréotypes.


D'ailleurs, voici le reste de la série, réalisée par Margaux Pastor, photographe, et militante féministe elle aussi 

 
(coucou les poils d'aisselle ;) )
 
(coucou les seins creusés quand je me penche :) )

Pour tous les selfies et photos pas que je trouvais disgracieux et que je me suis hâtée de faire disparaître pour ne garder que ceux qui me "mettaient en valeur" (vis-à-vis de la sacro-sainte norme aka le male gaze *vomit*), pour toutes ces fois où j'ai voulu m'effacer en détruisant ces images que je qualifiais moi-même de "dégueulasse" (ouais ouais, on en dit des trucs affreux à son reflet dans le miroir parfois, n'est-ce pas ?), pour toutes les fois ou j'ai tiré sur mes fringues afin d'atténuer un décolleté ou allonger une jupe pour les autres... j'ai voulu faire honneur à ces clichés, qui m'ont bousculée comme j'en avais bien besoin et qui pourtant ont bien failli subir le même traitement d'invisibilisation. Je me demande aussi pardon, en quelque sorte, en faisant ça, et c'est une sensation des plus apaisantes.

Bref, je crois avoir fait le tour de ce que je voulais dire. Je suis heureuse de faire ce post ce soir et j'espère que ce sera le début d'une longue série de collaborations (ouais, dès fois, je pose) et de photos que je pourrais partager, estampillées de messages body positive, doux et insolents. Je me sens à la fois à mon plus vulnérable, et à mon plus fort. Mais surtout, libérée (délivrééééée) d'un poids phénoménal, celui de n'avoir pas cédé au doute, à la peur.


Si je peux surmonter un passé d'anorexie, de haine de moi-même, une collection sans cesse croissante de remarques désobligeantes sur mon physique et ainsi que des relations familiales toxiques par rapport à mon corps, et malgré tout poster fièrement une photo de mes bourreletzététons sur internet, sans regrets... n'importe qui peut se réconcilier avec iel-même. Il faut juste accepter de se donner une chance. S'exposer ou non, ensuite ça relève d'un choix, mais il n'y en pas un qui soit plus valide que l'autre.

Je vous embrasse, et je file me sécher.
Bonne fin de dimanche, et courage pour demain matin ;)

mercredi 9 décembre 2015

Une page se tourne #2

Pour la deuxième fois en un peu moins de deux ans, le blog se métamorphose. Ouais. Je sais. Mais c'est à l'image de ma vie, finalement. Et c'est tellement, mais TELLEMENT pour le mieux :) 

Mais là, pas de "déménagement", juste un changement de nom. 

Cette fois-ci, je pense que c'est la bonne. Bien que je me souhaite fort de continuer à changer, évoluer, vers la (meilleure ?) personne que j'ai envie d'être, jusqu'à mon dernier souffle (#drama t'as vu)... j'aimerais bien retrouver une certaine stabilité bloguesque. Je pense que ce n'est pas tout à fait incompatible. C'est pourquoi j'ai même été récupérer les contenus de mon bébé blog de 2011-2013, alors qu'ils n'ont plus vraiment grand chose à voir avec ce sur quoi je veux écrire aujourd'hui*, avant de supprimer ce dernier et de changer le nom de son petit frère. 

Voilà plusieurs mois que mes "articles de lancement" attendent aux chaud, sans que je n'ose me jeter à l'eau. Les récents événements ont été un sacré coup de pied aux fesses, j'eus préféré que ça me vienne autrement, mais bon, c'est un autre débat...

Lady & Olga et Hashtag Éclectique ne sont plus, vive L'utOptimiste ! Désormais, outre de régulières logorrhées "3615 My Life" ou de séances photos un peu sympas, cet espace devient un lieu de discussion, de réflexion body positive, et féministe. Pour les p'tites futilités, toujours aussi plaisantes et #éclectiques, ça se passe à présent sur Instagram ;) "The Utoptimist" _histoire de truster ces fameux titres de blogs qui sonnent bien_ semble mieux coller aux thématiques que je souhaite aujourd'hui aborder. Je trouve que ce mot valise, dont je revendique haut et fort la pondaison, me représente bien, entre intimité et militantisme (ben voui, ça fait aussi "lutte optimiste" :3 ).



Bravo et merci aux lectrices.teurs qui s'accrochent malgré les loopings un peu violents de ce petit bout de toile, et bienvenue aux nouvelles.aux dans ma foire éclectique de badassitude et de bisounoursage  ♥ ♥ ♥ ♥ ♥

PS : De nouveaux articles arrivent très relativement vite ;)

PPS : * En relisant certains de mes vieux posts... je vois justement le chemin parcouru. Autant dire de suite que j'ai beaucoup marché. J'ai même quelques ampoules. De sagesse, j'espère^^ Je ne vais pas les "corriger", ce serait malhonnête. Mais je vais juste en réécrire d'autres, tout en renvoyant aux précédents, en expliquant en quoi je n'étais pas tout à fait dans le juste, ou que je tenais des propos incomplets, à l'époque... On a encore tou.te.s beaucoup à apprendre !




PPPS : Je me gausse en revoyant mon dernier "post" en ces lieux. Celui sur le vide-dressing. Il faut croire que j'avais vraiment besoin de faire le vide pour repartir du bon pied^^


vendredi 2 octobre 2015

Pourquoi la Body Positivity ?

Ces derniers mois, c'est surtout sur Instagram que j'ai sévi, si j'ose dire. Ce que je remarque, c'est que quand je parle de self love, de body positivity, les retours (sous la forme de commentaires aussi bien que de likes) sont nombreux, joyeux, touchants et aussi parfois, touchés. Il y a "une demande". Et j'ai l'envie d'y répondre, tout simplement parce que j'ai envie d'aborder ces sujets. Pour moi, et pour tout.e.s celleux qui auraient besoin d'un message positif associé à un corps "hors normes" (ou dans lequel on n'est pas toujours à l'aise, tout simplement). Comme j'aurais aimé en voir enfant, jeune ado, ado, adulescente.

J'ai donc multiplié les posts de ce genre. Ils m'ont fait un bien fou, tant ils m'ont permis de me libérer de poids très anciens (je ne parle pas de la balance, obviously), d'avoir des retours d'expériences similaires, des bonnes ondes. Et au fur et à mesure, ils se sont allongés. Jusqu'à atteindre le nombre maximum de caractères. Mais je suis loin d'avoir fini d'en parler. J'ai donc compris qu'il était temps de repasser à un format blog. J'espère vraiment réussir cette entreprise, qui me permettrait quand même d'en dire plus que sur un réseau social...






"Body positivity", c'est parti !

Oui, désolée, il va y avoir de l'anglicisme, du néologisme et même du meme à toutes les sauces dans les articles à venir. Autant vous y faire. Parce que franchement, "positivité corporelle", ça fait mal aux yeux, et aussi aux oreilles. Oui, à l'étranger (et en particulier aux États-Unis), il y a déjà beaucoup de militant.e.s body positive extraordinaires, qui changent le monde, sans le savoir.

Chez nous, il faut le reconnaître, on a de magnifiques blogueuses mode et beauté "plus size", avec des styles (vestimentaires et littéraires) pour tous les goûts. Et je les adore pour ce qu'elles font, si bien. Vraiment. Mais à part deux ou trois nanas pas forcément "connues" sur Instagram ou la blogo et quelques initiatives isolées (bien que j'aie l'impression que ça se réveille ces derniers mois), je trouve que globalement, ça manque de militantisme, de rage, de tripes, de culot, d'humour. Tout ça.

Rajouter un peu de "real talk" (il n'y a pas que le glam dans la vie, même si les paillettes, c'est très chouette nous sommes bien d'accord là d'ssus), de militantisme body positive (et tout son aspect féministe intrinsèque) pur et dur, de photos, poses ou gros plans "sans retouches" et surtout "pas flatteuses" ça ferait du bien. Enfin c'est mon avis. Et comme on n'est jamais mieux servi.e que par soi-même... Il est temps de (re)mettre la main à la pâte.


PS : Il est aussi temps de parler du fait que ce mouvement est pour TOU.TE.S ! Celleux qui correspondent au modèle de beauté unique _parce qu'iels souffrent aussi des injonctions pour se maintenir dans cette condition ou l'être encore plus_ autant que pour tou.te.s celleux qui en sont exclu.e.s : les personnes racisées, les gros.ses, les personnes "non-cisgenre", les personnes "non-jeunes", les personnes en situation de handicap.

mardi 25 novembre 2014

La Minute Féministe #5 : Parlons de la BD #LesCrocodiles en ce 25 Novembre


25 novembre oui, journée internationale de la lutte contre les violences faites aux femmes... Cela fait un moment que je voulais parler de cette BD géniale, qui reprend le Projet Crocodiles, de Thomas Mathieu. Malheureusement, il aura fallu une polémique pour que je me lance enfin. 

Mais quel est le lien avec le 25 novembre, me demanderez-vous ? Eh bien c'est très simple. Premièrement, le harcèlement de rue (dont parle cette bande dessinée, en illustrant des témoignages reçus par l'auteur et quelques conseils pour "bien" réagir) est une manifestation violente de sexisme. Deuxièmement, il a fait sujet d'une "polémique" car il devait être exposé à Toulouse dans le cadre de cette fameuse journée... mais ne l'a pas été, jugé trop cru. 

Je vous cite un passage de l'article publié sur La Dépêche à ce sujet il y a trois jours (plutôt que de le paraphraser ;) )

Ainsi parmi les extraits de « Crocodiles » qui devaient être exposées mardi dans un stand square De-Gaulle pour la journée internationale contre les violences faites aux femmes, certaines planches donnent des conseils pratiques pour se tirer d'affaire ou aider quelqu'un en situation de harcèlement. Les Toulousains ne verront pas ces dessins mardi, car des mots comme « bite » et une scène de viol conjugal ont choqué certains membres de la commission cohésion sociale de Toulouse Métropole chargée de piloter la journée du 25. Une élue UMP, Laurence Katzenmayer, a souligné « l'aspect immoral » et la « vulgarité » de certains de ces dessins. (Le reste de l'article ici)

C'est bien triste_ je pèse mes mots_ car c'est le reflet d'une réalité tout ce qu'il y a de plus... réelle. Ce n'est pas en cachant la poussière sous le tapis qu'on la fait disparaître. Ce n'est donc pas en ignorant cette violence verbale ou physique dans l'espace public qu'on réussira à l'éradiquer.

Bref, malheureusement mes mots ne changeront pas la situation à Toulouse mais ils donneront peut-être envie à certain.e.s d'en savoir plus sur le projet et sur la BD, alors je veux que le reste de l'article soit positif. Tout comme le changement que souhaite insuffler cette BD à notre monde sexiste ;)



Si la profondeur de l'engagement de l'auteur pour cette cause n'était pas encore évidente... Il suit vraiment toute l'actualité, dont celle du collectif Stop Harcèlement de Rue, de près. J'ai même eu la chance, à titre personnel, de participer à un collage avec lui cet été (il habite en Belgique et était de passage dans la capitale française) et d'avoir une jolie dédicace dans mon exemplaire de sa BD... qui ne vous rappelle pas quelque chose ? ;)



J'ai particulièrement aimé la préface...



Dont cette phrase qui fait suite aux nombreuses critiques reçues déjà, sur Tumblr, à cause du parti pris de dessiner tous les hommes en crocodiles "Un conseil : lisez l'album en vous identifiant aux femmes qui témoignent, pas aux crocodiles". Tout est dit. Et superbement bien argumenté par Lauren Plume (auteure du blog Les Questions Composent) en postface, alors qu'elle ne partait pas convaincue, justement...



Je ne partage qu'un bref exemple de l'ouvrage, bien parlant. L'idée est quand même que vous alliez voir sur les internets, ou que vous (vous) achetiez ce cadeau de Noël militant ;) Il vaut le coup.

Vous pouvez aussi aller consulter le guide illustré du respect dans la rue (ou ailleurs) de Thomas Mathieu juste ici.



Il y a également d'autres postfaces, passionnantes : par Irène Zeilinger, sociologue et formatrice d'auto-défense à Bruxelles, Anne-Charlotte Husson, auteure du blog Genre ! et last but not least, le Collectif Stop Harcèlement de Rue... Ainsi qu'une note de fin qui fait du bien, et que je choisis de vous montrer, car je la trouve effectivement libératrice :


Cette bande dessinée est à mettre entre toutes les mains, vraiment. Et fuck la censure, histoire d'enfoncer le clou...





Une fois de plus, féministe-ment vôtre,


Olga



PS : Demain, retour aux futilités, promis ;)






mardi 18 novembre 2014

La Minute Féministe #4 : j'ai testé le cours d' "auto-défense féminine" !




"Si vous avez aimé, dites le sur Facebook. Si vous n'avez pas aimé, ne dites rien hahaha", plaisantait l'instructeur avant-hier après le cours. Et pour un propos nuancé, il y a une petite place quelque part ? ;)

Au fil de discussions avec des collègues, on en est venues à parler de cours d'auto-défense. Motivées, on se dit qu'on va s'y mettre, et on choisit une date sur le calendrier d'une association qui a pignon sur rue en la matière depuis 2011 : Ladies System Defense (ou "LSD", je ne sais pas si c'est de l'humour assumé ou une coïncidence...). À quelques jours du dimanche choisi, le programme a changé, j'y vais avec une amie féministe car mes collègues ont changé de plans entre temps.

Je pars avec un à priori, j'avoue...

Mon amie me prévient : elle a déjà fait un stage avec eux mais elle n'est pas à 100% convaincue, et des connaissances que nous avons en commun, non plus. Niveau "self défense" pur et dur, rien à redire. Mais dans le discours... quelques maladresses qui font grincer des dents. Cela ne m'a pas refroidie, j'aime bien me faire mon idée par moi même, lorsque je le peux.

À 14h, notre cours de 3 heures démarre donc, une fois que toutes les participantes ont réglé leur 30 euros (pour celles qui ont réservé, sinon, c'est 35e). Oui "participantes", c'est réservé aux femmes uniquement. C'est le concept même (ce pourquoi je ne critique pas ce point là, j'aurais pu aller ailleurs ayant connaissance de cette non mixité, cf mes bons/mauvais points plus bas) et j'avoue qu'il est assez plaisant de voir un groupe aussi divers réuni dans ce petit dojo... De la vingtaine à la cinquantaine, tous physiques, toutes origines confondues, nous sommes toutes réunies par un même ras-le-bol, une même volonté. (et au bout d'une demi heure, toutes dans le même état : en sueur^^)

Les quatre instructeurs (trois hommes, une femme, as usual) se présentent puis on commence par des échauffements ("Il est important de se garder en bonne condition physique", "le jour où l'on subira une agression, notre cœur va battre fort", donc on se met en condition, logique). On marche dans le dojo "comme on marcherait dans la rue", en gardant un œil sur l'un des instructeurs : on travaille sur notre vigilance. Au signal "un", c'est 5 pompes, à "deux", c'est 5 flexions et à "trois", 5 abdos ("c'est votre spécialité ça !"). On intensifie en trottant sur les tapis... 

De l'importance du vocabulaire avant de passer à l'action, et premiers froncements de sourcils...

Pfiouuuu je suis déjà en nage et il est temps d'attaquer les choses sérieuses, on nous sort des sacs de frappe : on va travailler les "coups d'arrêt". Ici on ne parle pas de "coup de poing/coude/genou pied" etc... 

Donc un "coup de pied dans les couilles" est un "coup d'arrêt partie basse du tronc". Apparemment, c'est important d'utiliser un vocabulaire comme celui-ci dans le cadre d'un dépôt de plainte ("obligatoire", nous martèle-t-on à plusieurs reprises durant ces trois heures... un poil culpabilisant, ahem). Pour ne pas que l'agresseur se retourne contre nous, ce qui est possible. Oui, comme disait Audiard "les cons ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît" ! Ces précautions sont donc importantes, je comprends.

On nous explique la posture de défense à adopter : en appui sur nos jambes, souples et fléchies, les mains (ouvertes, signe d'apaisement contrairement aux poings... position d'attaque, donc). Face à nos binomettes, on commence à donner des coups dans le sac qu'elles tiennent : d'abord une main, puis l'autre, et les deux. On doit taper "derrière" le sac ("l'important, ce n'est pas la force, mais l'intention", je valide !), y mettre de la volonté plus que de la patate.

On alterne régulièrement les rôles, on prend confiance. Avant chaque nouveau geste, nos instructeurs nous font une démo, que l'on reproduit. À présent, c'est coup de coude, ou plutôt coup d'arrêt avec le coude (efficace et... libérateur, pour ma part !). On nous invite à crier ("si vous n'arrivez pas à crier ici, dans un environnement sécurisé, le jour où il faudra le faire, rien ne sortira" et c'est vrai que c'est important, de donner l'alerte...). Ce n'est pas évident, beaucoup perdent leur sérieux (et à la fois... c'est bon de rire, nerveusement, ça muscle aussi les abdos !) mais les "recule", "dégage", "connard", "casse-toi" ou simplement "aaaaaaaaaah" fusent.

On nous propose d'essayer "Restez à distance". C'est long, mais ça nous permet de bosser la respiration durant l'effort, et de maintenir une distance verbale avec le vouvoiement. Ce n'est pas facile, mais ça marche, à force. On enchaîne avec les coups d'arrêt avec nos jambes : coups de pieds, et coups de genoux (le truc le plus libérateur au monde, ais-je ainsi découvert...). 


Maintenant que nous maîtrisons un peu mieux ces gestes (les instructeurs sont passés dans les rangs pour regarder ce que nous faisions afin de nous corriger à l'aide de conseils pratiques)... on simule des situations d'agression. Celles qui tiennent le sac de frappe se mettent debout d'un côté de la salle et les autre, attendent en face, assises. On doit alors marcher vers elles, et elles, se relever et se défendre.

On augmente la difficulté de la tâche, toujours en alternant les rôles pour chaque scénario, en faisant courir "l'agresseuse" puis en faisant s'allonger "l'agressée". Visiblement, on a développé quelques réflexes. Les coups d'arrêt viennent naturellement, on les enchaîne... punaise ce que ça fait du bien. Très clairement, on apprend en se dépensant et en se défoulant : le sac de frappe prend pour tous ceux à qui on n'a jamais osé répondre, tous ceux dont on a subi les mains aux culs sans oser plus que le regard noir !

Mises en situation

Je crie toute ma rage, je frappe tous mes agresseurs du passés. C'est trop bon.
Vraiment, c'est la partie du cours que je préfère ! Mais... on ne tient pas trois heures comme ça, c'est évident. On enchaîne donc avec des mises en situations, scénarisées.

Bénédicte, l'instructrice, fait la plupart des démos (elle envoie !), dans diverses situations, pour nous montrer quelques exemples de gestes pour se dégager et maîtriser notre agresseur si... on nous attrape par la main, la taille, les cheveux, si on essaie de nous étrangler contre un mur. Puis on pratique, un à un et toujours à tour de rôle avec nos partenaires, ces techniques.

Lors d'une de ses démos, notre instructrice enchaîne son agresseur jusqu'à la clé de bras, une fois qu'il est au sol... C'est bôôôô, et je ne peux m'empêcher de faire de lancer un slow clap. La salle suit, super moment^^ 



L'ambiance est bon enfant, on rigole bien. Les instructeurs précisent en riant que la seconde partie de cette démo était "pour rire", car ici, on nous apprend la légitime défense ("et non la vengeance", bien sûr), afin de rester dans le cadre de la loi : une fois que l'on a maîtrisé celui ou celle qui s'en prend à nous, on file. Le but est de se soustraire à l'agression, pas de s'acharner... même si franchement... ça peut être tentant.

Après ces exercices, d'autres suivent. C'est la "préparation mentale" (qui suit les préparations physique et technique). On éteint les lumières de la salle, l'éclairage est entre chien et loup, on se remet à marcher aléatoirement dans la salle. Nos quatre instructeurs du jour simulent alors diverses agressions verbales ou physiques : à nous de jouer. Sans sombrer du côté obscur non plus, ils nous demandent aussi l'heure, pour nous rappeler que la parano totale, c'est un piège à éviter.

Pour ma part je me fais bousculer plusieurs fois, mais j'arrive à éviter le "conflit". Il paraît que je sais bien désamorcer un possible accrochage par la parole... des années d'expérience^^ Mais lorsque ça en vient aux mains, je vois que j'ai effectivement développé quelques automatismes : je me dégage et, étrangement, c'est le coup d'arrêt partie basse made in mon genou droit qui revient. Si un jour je ne peux pas éviter une situation où je devrai en venir aux mains, j'espère que ça me reviendra aussi facilement ! En attendant... je vais sans doute continuer à "m'entraîner" régulièrement.

Les quinze dernières minutes du cours sont consacrées à des questions-réponses. On évoque notamment la possibilité/nécessité des témoins de réagir, on parle de la "dissolution de la responsabilité", qui me fait fort penser au Projet Crocodiles dont j'ai la BD dans le sac ce jour là (je vous en reparle très vite !). 

Globalement, je suis très satisfaite des trois heures que je viens de passer :)

Mon avis

(J'essaie de ne pas m'épancher plus que je ne l'ai fait ci-dessus, c'est pas gagné.. le style télégraphique ne me sied point.)

Les plus

- C'est un très bon cours pour survoler différentes techniques de self défense.
- C'est physique mais pas insurmontable pour une feignasse comme moi (ça fait deux jours, je suis encore courbatue malgré les litres de flotte que j'engloutis)
- C'est un défouloir absolument parfait, on ressort plus légère, dans tous les sens du terme...
- C'est convivial, on s'amuse franchement, par moments.
- C'est bien organisé, les équipements sont vraiment là et les intervenants sont de vrais pros dans le domaine de la self défense (certains sont gendarmes).

Les moins

- Le prix. J'avoue que pour de l'associatif je m'attendais à moins. Certes, si c'est juste une fois, 30 euros, ça va. Mais si on veut y aller toutes les deux semaines, à chaque stage, ça commence vite à piquer.
- Le discours un peu bancal, par moments*, sur la violence faite aux femmes.

(* je ne peux pas m'en empêcher :
- En guise d'intro, on nous a plus ou moins dit que bon, la société et les hommes sont comme ça donc c'est important qu'on sache se défendre car on ne changera pas ça... Certes ce n'est pas le rôle d'un cours de self défense de prêcher la parole égalitariste mais être fataliste à ce point et dans ce contexte, je trouve que perso, ce n'est pas terrible. Mais ce n'est que mon avis.
-Sur la brochure, d'un côté parler des "violences faites aux femmes", et de l'autre énumérer les conseils bateau style "ne pas marcher dans une ruelle sombre seule le soir"... on nous abreuve de ces conseils là depuis qu'on est petites, "nous les femmes", on le sait. Donc c'est un peu de notre faute finalement, s'il nous arrive un truc alors qu'on avait pas d'autre choix que de passer par la dite ruelle louche. Je caricature, mais je veux dire que c'est lourd de toujours revenir à l'idée de bricoler des solutions/gadgets pour éviter aux femmes de se faire harceler/agresser/violer plutôt que d'éduquer/sensibiliser les potentiels harceleurs/harceleurs/violeurs qui sont les seuls responsables de ces violences. Ça part d'un bon sentiment, un poil paternaliste certes mais quand même, mais en entretenant ainsi sans en avoir l'air le mythe de "l'homme prédateur" (#notallmen oui on sait, next) on ne fait que mettre un pansement sur une plaie qui nécessiterait de solides points de suture.
- Dire "on DOIT aller porter plainte" ou "c'est OBLIGATOIRE" de porter plainte... perso, ça me gêne. Oui, c'est vrai que c'est mieux dans l'absolu, mais c'est amené de manière culpabilisante pour la potentielle victime.
----> D'autres petites phrases du genre m'ont fait tiquer, c'est une liste non exhaustive car j'ai la fâcheuse tendance à me concentrer sur le positif, et il y en avait beaucoup à côté de ces points négatifs. Des connaissances ont fait d'autres cours et ont relevé d'autres choses qui les ont énervées mais je n'en parlerai pas ici car je ne relate que ma propre expérience du bout de mon clavier, c'est plus juste.)

Ce que j'en retiens

Bisounourse d'un jour, bisounourse toujours : je vois toujours le verre à moitié plein. Je suis persuadée que ces quelques couacs qui ont eu le don de me faire grincer des dents étaient vraiment des maladresses et j'espère que les instructeurs, s'ils me lisent, ne prennent pas mal mes critiques. J'ai bien conscience de l'investissement que peut-être une asso et je suis reconnaissante de leur engagement, qui contribue grandement aux "plus" de ma petite liste ci-dessus :) 

Néanmoins, je suis tout aussi persuadée que tout cela est perfectible, dans toute la connotation positive que ce terme est sensée avoir. À mon sens, il suffit simplement de choisir entre le fait de se limiter à enseigner ces techniques sans essayer de philosopher en risquant de tenir des propos borderline, ou de creuser le sujet des violences faites aux femmes encore bien plus, pour pouvoir en parler vraiment, sans tomber dans certains travers stéréotypés.

Bref. Est-ce que je reviendrai ? Oui, avec plaisir. Mais toujours mon sens critique de féministe en alerte dans la poche ;)


À demain pour un retour à plus de légèreté, côté sujet aussi bien que côté texte :p


Self-défense-ment vôtre,


Olga



PS : Petite parenthèse mi-futile mi-coup de pub-ile pour finir, mirez plutôt la cohabitation de deux modèles de tees Colère : Nom Féminin sur ma binomette du jour et moi-même ! Pas mal hein (merci à notre instructeur pour la photo) ? :D








jeudi 4 septembre 2014

La Minute Ronde #3 : Opposer les "rondes" aux "minces" n'est pas la solution.


Non au size shaming, oui à la size acceptance... et plus globalement, halte au modèle unique de beauté qu'on nous vend. Oui, on nous le vend.

La semaine passée, en postant mon article (et surtout mes photos) #fatkini j'ai été très agréablement surprise du nombre de retours que j'ai eus et surtout, de constater qu'ils n'étaient que positifs, exempts de tout trollage haineux. 

Malgré tout, j'avais envie de refaire un article sur le sujet, en constatant également que parmi les adorables commentaires qui revenaient un peu partout, on me disait "ton corps est harmonieux". Ben... merci, sincèrement merci pour vos gentilles paroles et bonnes intentions. Ravie de l'apprendre et effectivement, tant mieux pour moi. Mais quand bien même, mon corps ne serait pas harmonieux... so what ?

Ce que je voulais dire en participant à ce petit mouvement de dé-fat shaming-ation (vive les néologismes, surtout mêlés d'anglicisme !) c'est surtout que beau, ou laid (ce qui est encore bien subjectif, standards ou non)... on a juste le droit d'exister, de se montrer, de vivre sans subir de jugements de la société, des gens. 

Apparemment, c'est beaucoup demander à ce monde, quand je vois par exemple qu'une jeune américaine, enveloppée, s'est fait supprimer son compte Instagram après avoir posté un selfie en bikini d'elle. Là où les clichés de corps "dans la norme" passent, toute cette peau exposée sur une silhouette comme la sienne devient... indécente.

Bref, ce que je voulais dire... c'est que ce travail que j'essaie de faire sur moi-même et sur le regard que je porte sur tous ceux que je croise (cela fait plus d'un an maintenant que quand je vois quelqu'un et que je me dis qu'il est "moche", je me force de suite à trouver un détail positif sur son physique ou sa manière d'être, je refuse d'être comme ça... j'apprends à déconstruire cette sale habitude qui est plus socialement construite que naturelle je pense, tout comme le sexisme, en fait^^) va au delà de la beauté évidente, moins évidente ou pas évidente du tout. 


C'est du droit de ne pas être réduit juste à son corps en tant qu'individu par rapport à un standard imposé, du droit d'aimer la seule vraie maison que l'on aura toute sa vie pour soi quelle qu'elle soit, dont je parle.



© Diglee / Maureen Wingrove


Autre point, puisque l'on va par là, c'est une discussion qui est beaucoup revenue chez moi, avec différents interlocuteurs, depuis ce week-end. Le fait que lorsque l'on veut "défendre" "les rondes", on tape systématiquement sur "les minces". On en parlait avec Maureen, après une séance de pose et dessin chez moi (d'où l'illustration de mon article ;) ), au vu des réactions sur son compte Instagram qui ont immédiatement validé l'idée du "nan mais dessiner des rondes c'est tellement plus intéressant/plus beau". Pourquoi toujours comparer et opposer deux types de beauté... incomparables ?! (Et c'est parce que je l'ai bêtement, ne me trouvant pas d'autres "excuses", fait par le passé que je le déplore encore plus aujourd'hui)

Cela s'est aussi vérifié lorsqu'une très bonne amie (et ce totalement innocemment) a partagé un meme "Hommage à toutes les femmes qui ont quelques formes... De toutes façons il n'y a que les chiens qui aiment les os" pour célébrer ses rondeurs avec lesquelles elle s'était réconciliée après sa grossesse. Non seulement c'est mauvais de taper sur les unes pour défendre les autres mais en plus c'est carrément sexiste et hétérocentré. Le même jour, je prends part à un débat sur le dernier titre de Nicki Minaj qui scande "fuck thoses skinny bitches", certes dans un contexte de contre-attaque par rapport aux remarques qu'elle prend sur son popotin très rebondi mais pas plus excusable pour autant...

Je ne peux pas me résoudre à dire que le skinny shaming est exactement le même problème que le fat shaming, car les filles les plus sveltes sont quand même moins éloignées des canons de beauté que l'on exige de nous et donc, subissent quand même moins de remarques. Mais "moins" ou "plus", ce n'est pas le problème, ce sont deux branches d'un seul et même problème. Et c'est juste... inacceptable. POINT.

On est trop grosse : on doit faire un régime. On est trop mince : on doit manger... Déjà, on ne doit rien à personne. Question de santé ou de beauté peu importe, cela nous appartient à nous et à nous seuls. Si on arrêtait 5 minutes de faire la guerre pour déterminer un seul modèle unique de beauté (et pas que, mais c'est un autre débat) et que l'on s'accordait une bonne fois pour toutes à accepter et comprendre que le beau est multiple, varié, surprenant, changeant ! Et ce n'est pas valable que pour la la taille et le poids, c'est valable pour tout.


Pour beaucoup ces propos sont probablement utopiques. Pourtant, à voir les initiatives, notamment sur les réseaux sociaux de femmes (il y a, il me semble, moins de manifestations de la sorte chez la gent masculine mais le problème du modèle unique s'applique bien évidemment aux hommes aussi...) qui célèbrent leurs corps changé par la maternité, abîmé dans une bataille cancer du sein, leurs tâches de rousseur, leur visage sans maquillage, leurs vergetures, leurs tatouages... On voit apparaître des projets photo célébrant les roux, les personnes handicapées, les différents types d'épilation du maillot (autres que la "recommandée" épilation intégrale) bref, tout ce que la société tente de gommer est en train de réapparaître pour être à nouveau apprécié, admiré et aimé. Les temps changent, il serait temps que les médias, les marques et leurs publicité s'en rendent compte. La beauté est multiple... (et aussi subjective, optionnelle et peu importante dans une vie, au final !)

Ce travail pour ouvrir les yeux, sortir de ces œillères avec lesquelles on a grandi, commence par soi-même. En essayant de m'aimer telle que je suis j'apprends à être tout aussi tolérante avec autrui. Beaucoup s'interrogent sur cet avenir que je me suis choisi dans la presse féminine, qui véhicule beaucoup de ces images toxiques que je critique à cet instant précis, en tant que féministe et en tant que ronde qui a fait les frais de ce système... Justement, je veux pouvoir contribuer à la changer de l'intérieur. Cette année, j'ai tenu la rubrique beauté du site d'un grand magazine féminin et j'ai relayé toutes ces belles initiatives mentionnées plus haut, j'ai refusé de promouvoir les régimes et on m'a laissé véhiculer des messages plus positifs pour les lectrices. Il est possible de changer tout ça, mais cela demande du temps, de la patience, et que l'on s'y mette tous.

Pour finir, j'ai envie de vous présenter quatre de mes héroïnes d'inspiration, ces "freaks", sublimes, touchantes et courageuses, aux physiques hors normes qui bravent toute la haine de ce monde et osent vivre sans peur leur différence... en espérant qu'elles aussi, puissent vous inspirer et vous faire relativiser comme elles l'ont fait pour moi :)

Lizzie Velasquez




Melanie Gaydos




Jes Baker, aka The Militant Baker



Chantelle Brown-Young aka Winnie Harlow




Pardon pour le pavé, mais il le fallait, encore plus que pour mon billet #fatkini :)



Militante pour un monde plus tolérant et aimant-ement vôtre,




Olga


mardi 22 juillet 2014

La minute ""chienne de garde"" #1 : j'ai été coller des affiches avec le collectif Stop Harcèlement de Rue



Si vous me lisez, me connaissez, ou les deux à la fois... vous savez à quel point le titre de cette rubrique est ironique, sous mon clavier. Surtout avec les doubles guillemets. C'est aussi pour cela que je choisis de l'inaugurer avec "du concret", quitte à passer pour une "hystérique" (je vous ai déjà dit que je haïssais ce mot et pourquoi ?^^) ou une "névrosée" de "sale féministe"... que selon certains _et malheureusement certaines_ je suis pour oser vouloir l'égalité homme-femmes jusque dans la rue. Oui, aujourd'hui on cause harcèlement, harcèlement de rue.

Mes premiers souvenirs de ce "phénomène" remontent à mes 11/12 ans, bien que l'excuse du "c'est les mecs, c'est comme ça" m'ait été servie depuis ce temps là comme seule "explication", je n'ai jamais été convaincue. Et malheureusement jusqu'à ce que je ne visualise le documentaire Femme de la Rue de Sophie Peeters puis que je ne me reconnaisse un peu trop dans les témoignages bien trash de Paye Ta Shnek (soit jusque... relativement récemment dans ma vie de femme finalement), je me suis sentie bien seule, souvent, à vouloir m'insurger contre cette "norme sociétale".

Depuis que j'ai véritablement ouvert les yeux sur l'anormalité de tout ça et que j'ai pu mettre des mots et expressions (comme "culture du viol") sur ces souffrances et frustrations de tous les jours... j'ai compris que le féminisme serait un des combats que je ne pourrai faire autrement que de mener tout au long de ma vie. Mais dans cette découverte, j'ai été seule, ou accompagnée d'amies qui elles aussi commençaient à peine à comprendre l'ampleur de la tâche à accomplir. Encore aujourd'hui, je suis en pleine découverte du féminisme, de son histoire, de ses facettes et je n'ai pas encore totalement déterminé ma propre position.

Seulement, lorsque je vois ce que certains qualifient de "printemps du féminisme" et toutes les initiatives qui viennent avec, je ne peux m'empêcher de vouloir y prendre part. Lorsque j'ai vu le tote bag "ta main sur mon cul, ma main sur ta gueule" de Colère : Nom Féminin sur ma timeline Facebook j'ai immédiatement craqué, ça me parle tellement... et c'est grâce à cette page que j'ai atterri sur celle du collectif Stop Harcèlement de Rue, je ne sais plus comment exactement (ah, la magie d'internet).

Lorsque je suis tombée par hasard sur leurs premières affiches rue de Lappe à Paris (sans tilter où j'étais, comme 80% du temps que je passe dans cette ville), j'ai eu une folle envie de prendre part au mouvement. Alors quand le collectif a lancé ses soirées de collage "after work" ouvertes à tous et toutes sur sa page Facebook, je n'ai pas hésité bien longtemps avant de cliquer sur "je participe". C'est comme ça que je me suis retrouvée hier soir au croisement du Pont Neuf et du quai du Louvre, pour coller des affiches avec les activistes de Stop Harcèlement de Rue.



Bien sûr, le propos est ciblé puisque c'est l'endroit où se tient actuellement l’événement estival "Paris Plages". Le "ma mini jupe ne veut pas dire oui" s'est donc transformé en un "mon bikini ne veut pas dire oui" (ce qui bien entendu n'annule pas l'affirmation précédente^^). Nous sommes une grosse quinzaine, nous nous divisons en deux groupes pour aller afficher ce message, en espérant que la colle prenne bien, dans tous les sens du terme...

Sur notre route, quelques regards étonnés mais je suis agréablement surprise de constater que ceux qui nous parlent le font pour nous soutenir. Bien qu'Héloïse, co-fondatrice du collectif ait malheureusement été agressée la semaine passée, il faut garder un œil ouvert. D'autant que notre petite excursion n'est pas exactement tout ce qu'il y a de plus légal, paraît-il, et qu'il ne faut pas traîner même si l'ambiance est très sympa :)

Oui, la grande timide en moi est arrivée l'estomac noué au point de rendez-vous mais dès que j'ai aperçu le tote bag "ta main sur mon cul, ma main sur ta gueule" (j'ai mis le débardeur au même imprimé aujourd'hui, normal^^) au loin, j'ai oublié cette sensation, vite remplacée par celle d'être à ma place. Au milieu de personnes qui me comprennent (dont quelques hommes, ce qui est très positif : c'est bien la preuve que "le féminisme" n'est pas une forme de plus de sexisme _quelle idée absurde_ et que la gent masculine aussi prend conscience de la gravité de ce harcèlement, qu'elle ne souhaite pas plus que nous voir continuer en toute impunité) et qui ont les mêmes idées, quel soulagement ! 






Beaucoup se "savent" (je mets des guillemets par rapport à ma propre expérience car la découverte réelle de l'intensité de mon propre engagement ne m'a sauté aux yeux que bien tard, bien que le mot "féministe" ait toujours été agréable à mes oreilles avant) féministes (bien que le mouvement ne se revendique pas féministe en soi) depuis des années et ont l'aplomb (que je jalouse follement) qui va avec. Mais elles ne m'intimident pas, au contraire, elles partagent leur expérience et leur savoir. Je découvre enfin une communauté qui me parle et me donne réellement envie de m'engager. Ce qui ne nous empêchera pas une fois à cours de colle d'aller prendre un verre et de discuter de choses plus futiles, aussi. J'ai hâte de revenir, lundi prochain :)


Un-peu-moins-timidement-féministement vôtre,



Olga










PS : Quelques liens utiles pour mieux comprendre le harcèlement de rue...